24 & 25 AVRIL 202410h - 17h
FORUM DE RECHERCHE-CRÉATION 2024
MAITRISE EN ARTS VISUELS ET MÉDIATIQUES UQAM

THOMAS BOUQUINLORSQUE L'HUMAIN SE RÉAPPROPRIE L'ESPACE URBAIN, IL REND LA VILLE PLUS POÉTIQUEDepuis l’automne 2021, j’arpente le territoire autour du Viaduc Rosemont / Van Horne pour y explorer les relations entre ses espaces interstitiels et ses usages non productifs dans une pratique photographique, vidéographique et installative. 

Moi-même usager du viaduc, je veux montrer qu’il existe différentes manières d’habiter cette architecture moderne en béton issue de l’ère Jean-Drapeau, même si sa fonction originelle est uniquement le passage des automobiles au-dessus de la voie ferrée du Canadien Pacifique. En donnant à voir des usages invisibilisés, je cherche à dévoiler les potentiels poétique et narratif de cette structure, pour apporter un nouveau récit sur la ville. Je présente ici le rôle de frontière et de lien qu’exerce le viaduc entre les quartiers Rosemont et Mile End, et rapproche également des notions de lyrisme et de topographie, de mémoire et de symbolisme, d’expérience et de documentation. En étudiant l’intersection de ces idées supposées contradictoires, je cherche à déployer un lieu inattendu où ces oppositions peuvent cohabiter. 

Dans ce travail de recherche-création, j’ai réalisé un livre leporello montrant les espaces interstitiels documentés sous le viaduc. Il peut se lire des deux côtés, tel le viaduc que l’on peut arpenter dans les deux sens. Ce livre sera déposé sur une structure qui évoquera à la fois le mouvement du viaduc et la forme de ses piliers. J’ai également réalisé une installation vidéo à deux canaux, qui présente deux points de vue sur la ville, l’un vers le nord et l’autre vers le sud, tels que l’on peut les découvrir en traversant le viaduc depuis le chemin piétonnier de sa partie supérieure. Me réappropriant cet interstice par la marche et la vidéo, je représente les potentialités de cette expérience : à la fois traversée spatiale et temporelle, et lieu de contemplation. 

Lors de différentes marches sous le viaduc, j'ai accumulé des images, inventoriant les usages non productifs, les objets et les traces rencontrés. Je souhaite présenter cette collecte sous la forme d’un diaporama dont le dispositif évoquera les découvertes aléatoires effectuées lors de mes différents passages. Enfin, je songe utiliser une image d’archive d’une vue aérienne du viaduc pour montrer que, vue du ciel, sa forme intrinsèquement organique tranche avec la rigueur du plan de quadrillage orthogonal de la ville. Cette image sera imprimée en cyanotype pour évoquer à la fois les bleus d’architectes et la couleur du ciel nocturne de l’installation vidéo. 

Avec ma recherche, je m’attache ainsi à émanciper les usages potentiels de la fonction utilitaire du viaduc, imposée par une société fortement réglementée et polarisée, et à réfléchir à l’avenir de cette structure comme objet de mémoire et symbole urbain. Avec la possibilité que la municipalité détruise le viaduc pour en reconstruire un nouveau, je souhaite montrer la nécessité de ces espaces interstitiels et valoriser ces usages non productifs, pour que cet ouvrage architectural moderne reste présent et vivant, témoin de l’histoire et de l’identité montréalaise. 


thomasbouquin.com
  

Retour au menu
Forum de recherche-création  2024 — Maîtrise en arts visuels et médiatiques
UQAM