FORUM DE RECHERCHE-CRÉATION 2024
Mes premières explorations prennent forme dans le désir de travailler avec la puissance de la compression. J’amorce une série de questionnements sur la vie des résidus industriels qui me font revoir le concept de paysage et m’amène à faire une incursion au département des Sciences de la vie et de la Terre de l’UQAM. Sous la lentille du microscope à balayage électronique, je vois apparaître un cosmos. Dès lors, la matérialité de ce qui fait paysage devient pour moi particules et mouvements. En détournant et en adaptant des outils récupérés, comme une lame de forage ou un numériseur, mes premières œuvres proposent des objets sculpturaux et des images numériques où la chaleur, la compression et la lumière participent aux agencements de résidus. J’observe une dynamique de mouvements. Je rencontre de nouvelles compréhensions matérielles et conceptuelles qui se contaminent, se transforment et traversent mes gestes en continu.
Ces observations me font réfléchir et penser aux cartographies de connexions neuronales. La plasticité du cerveau forme, transforme, et redessine continuellement de nouveaux réseaux lors de différentes mises à l’épreuve. J’entreprends alors d’examiner la vitalité de déplacements des résidus provenant de sols contaminés en y incorporant des matières aqueuses. En faisant appel à l’eau dans ses états de transformations liquides, solides et d’évaporation, j’ajoute la force générée par ses phases à mes appareils résiduels. J’observe des réactions singulières en surface. Avec la lumière bleue comme outil d’enquête, j’observe la contamination du sol par ses “matières-témoins” (Schuppli, 2019). Le papier calque, utilisé pour les réalisations de dessins industriels lors du développement économique du Québec, est choisi, ici, comme surface à ces explorations.
Sa résistance et ses qualités matérielles et conceptuelles participent à des infiltrations, des propagations qui proposent de nouvelles cartographies montrant la vitalité des résidus industriels. Dans une perspective de lien au lieu, qui m’habite et que j’habite par cette recherche-création, mes appareils résiduels contribuent à une compréhension sensible de la biorégion contaminée, qui emprunte en continu de nouveaux chemins esthétiques.
@suzanne_vie