SÉBASTIEN HUOT« MAIS T’AS JAMAIS AIMÉ CETTE PHOTO » : SOUVENIRS ACCIDENTELS ET DÉTOURNEMENTS LITTÉRAIRESJ'utilise des extraits de textes d'autofiction qui racontent des souvenirs, mais qui n'ont aucun lien entre eux. Dans une performance qui prend des allures de théâtre déconstruit ou de cabaret intimiste, je lis les extraits dans un ordre aléatoire, selon un processus de hasard qui implique directement le public. Se crée ainsi, dans la performance et sans contrôle de ma part, un nouveau récit dont la cohérence dépend de ce que chacun, chacune, investit pour le compléter. Les textes sont choisis pour leur densité émotive, mais aussi pour leur potentiel d'évocation, permettant à chaque personne d'y projeter ce qu'elle souhaite à partir de ses propres souvenirs. Ils sont lus à haute voix, et se mêlent à une trame sonore en boucle, mélange de musique jouée sur scène, de sons accidentels tirés de la performance, et d'effets sonores qui répètent certaines phrases en écho. Des photos issues de mes archives sont projetées manuellement avec un rétroprojecteur pour ajouter une autre dimension au récit et d’autres échos aux souvenirs. Tout comme les textes, les sons et les images sont choisis pour leur potentiel narratif. La performance s'appuie sur des technologies dépassées : rétroprojecteur, machine à écrire, projecteur 16 mm. Je ne cache rien de son fonctionnement : fils, console, micros, pédales d'effet. Tout est laissé à la vue du public. En dévoilant les ficelles du procédé, l'esthétique de la performance souligne aussi la fragilité du souvenir. Et dans cette fragilité se trouve ce qui transforme ma performance en quelque chose de personnel et d'émouvant. Retour au menu