FORUM DE RECHERCHE-CRÉATION 2024
Provenant du design de mode, j’ai appris à reconnaître et à questionner le male gaze constitutif de nos imaginaires, qui objectifie les corps et les sujets en images, sexualise les femmes, les réduisant à une féminité figée selon les idéaux patriarcaux.
Au-delà de l’image comme produit de mon travail, je cherche ici à faire œuvre du processus d’interaction.
Je conçois des ateliers de discussion et de création avec des femmes, leur offrant un lieu et un moment pour réfléchir à leurs perceptions du soi, à la projection de leur image au regard des photographies de mode, à leurs discours stéréotypés, et à l’influence des contenus visuels massifs des réseaux sociaux.
Les traces des productions de ces intimités construites avec les participantes, ainsi que les réflexions à propos de sa propre corporéité, sont affichées et documentées à l’intérieur et à l’extérieur de cabines-textiles. Il s’agit de structures de métal sur lesquelles sont suspendues des abris clos cousus de coton non-blanchi. Ce projet tente de porter les voix plurielles féminines des participantes en exprimant avec singularité des expériences communément partagées.
L’espace des cabines, initialement six murs de pages blanches, acquièrent au fil des rencontres, l’identité de nos échanges et de nos collaborations. Elles deviennent alors une allégorie de ces corporalités tant questionnées, présentant sur leurs surfaces les strates de nos réflexions, de nos expérimentations, et de nos intimités confiées. Ces espaces intérieurs et extérieurs tentent de renouer corps et esprit en une même entité.
Comment développer un regard ou des gestes, bienveillants et réparateurs, qui prennent soin de nos corps et de nos expériences vécues ?
@luciebouvet